Aimer, ça s’apprend ?

Les éducateurs d’ENDA Madagascar, Graines de Bitume, Hardi et du centre NRJ, et les formatrices d’Apprentis d’Auteuil : Cécile Lognoné et Dominique Wyttynck

Du 20 au 23 novembre 2018, les éducateurs de 4 associations engagées dans l’accueil, l’éducation, la formation et l’insertion de jeunes en situation de rue à Madagascar (ENDA Madagascar, Graines de Bitume, HARDI, Centre NRJ), partenaires d’Apprentis d’Auteuil Océan Indien, se sont retrouvés pour une formation animée par Apprentis d’Auteuil autour de l’Education Affective, Relationnelle et Sexuelle (EARS), des enfants et des adolescents qu’elles accompagnent. Ces journées faisaient suite à un premier travail mené au sein d’une Communauté internationale de Pratiques et de Savoirs soutenue par l’Union européenne.

C’est quoi, l’EARS ?

L’expression d’un groupe d’éducateurs à l’issue de la formation résume ce qui est en jeu derrière les initiales « EARS » : « La sexualité fait partie de la vie humaine. Tout le monde a besoin d’activité, d’amour et de repos. Faire l’amour avec la personne qu’on aime est une satisfaction qui peut rester seulement physique et pourra être passagère. Mais si c’est un amour sérieux, cela peut durer toute la vie. Justement c’est dans le temps et la durée qu’il faut encadrer les jeunes, ne pas aller trop vite pour éviter de tout gâcher… »

Rejoindre chacun des enfants et des adolescents accompagnés dans son désir d’être heureux, l’aider à se connaître et à s’épanouir en apprenant à construire des relations durables avec ceux et celles qui lui sont proches… si c’était simplement cela l’EARS ?

Un programme de formation dense

  • des apports théoriques sur la structuration de la personne humaine, sur les changements liés à la puberté ou sur la prévention des IST;
  • la présentation et l’expérimentation d’outils pédagogiques conçus par différents partenaires
  • des échanges autour de la posture éducative nécessaire pour répondre aux besoins, aux questions des enfants et des adolescents
  • un temps d’évaluation des méthodes d’animation, des outils partagés et découvertes réalisées.

Tous les participants ont insisté sur le fait qu’apprendre à aimer est l’affaire de tous et de toute une vie et qu’il est important d’aborder l’EARS dès le plus jeune âge, puis de rassurer, d’informer le moment venu face aux bouleversements de l’adolescence, d’accompagner les jeunes face aux choix qui engagent toute leur personne comme celui d’un métier, d’une compagne où d’un compagnon, ou celui de fonder une famille.

Cette éducation se joue au quotidien à travers un choix d’activités qui favorisent la connaissance de soi et l’estime mutuelle entre filles et garçons. Elle passe aussi par notre façon de leur apprendre à prendre soin d’eux-mêmes, à se protéger, à devenir plus responsables de ce qui fait grandir à travers leurs relations.

Différences des cultures et échanges enrichissants

Les échanges en français et en malgache ont été riches d’enseignement pour nous tous. Il nous fallait souvent expliciter de part et d’autre ce à quoi nous tenions derrière « nos façons de dire » ou d’envisager les réalités. Parmi les débats passionnés : celui autour du vocabulaire utilisé en EARS, de l’expression des émotions ou de la notion de consentement dans une langue où le mot « non » n’existe pas, ou encore celui de la place des enfants face à la mort… Une confrontation passionnante entre un attachement fort aux règles de sagesse et aux traditions héritées de la communauté des anciens et une vision occidentale davantage centrée sur le développement de la personne, quitte à oublier parfois les liens qui l’unissent aux autres, à l’univers, visible et invisible.

Chacun est reparti « élargi dans sa vision des choses » avec le désir d’expérimenter en équipe, dans sa structure, des jeux et supports d’animation adaptés aux questions et aux réalités des enfants malgaches.

Contact : Caroline VIGNON – Chargée de mission développement et coopération internationale zone Océan Indiencaroline.vignon@apprentis-auteuil.org