8 jeunes de Boost insertion et Lavenir ta nou sur le toit de l’Océan Indien

Les 18 et 19 décembre, 8 jeunes des dispositifs Boost insertion et de Lavenir ta nou ont gravi avec détermination le Piton des Neiges, culminant à 3 071 mètres d’altitude. Soutenus par 3 éducateurs et un guide de moyenne montagne, ils ont vécu une expérience sportive qui les a poussés à se dépasser. Voici le récit de Charlotte Thomas, formatrice de Boost insertion qui les a accompagnés dans cette aventure.

Damien, Erwan, Fardine, Lucas, Maëva, Nacem, Rafaël, Sullivan et leurs 3 accompagnateurs au sommet du Piton des neiges Crédit photos : Julien Terlon/Apprentis d'Auteuil Océan Indien

Né de l’initiative d’un jeune boosté, ce projet « un peu fou » et fédérateur a entraîné tous les jeunes et les équipes des 2 dispositifs pendant 3 mois à se préparer pour l’ascension du plus haut sommet de l’Océan Indien. Une randonnée qui fait le parallèle avec les différentes étapes que les jeunes doivent franchir dans leur parcours de remobilisation et dans le cheminement de leurs projets d’avenir.

Les montées sont souvent difficiles. Les descentes peuvent l’être aussi. La ligne reste droite, elle peut aussi prendre quelques virages. La pluie peut tomber… mais quoi qu’il arrive, le soleil fini toujours par se lever. Pour atteindre la cime, il est nécessaire d’être bien accompagné et même bien entraîné !

Préparation au « dépassement de soi »

Les sentiers Kalla et Roche vert bouteille, le chemin des anglais n’ont plus aucun secret pour les boosté.es. Des heures de marche pour s’entraîner tout en découvrant le patrimoine naturel de l’île. Les jeunes se sont investis, et notamment Fardine et Lucas qui ont préparé une séance d’échauffement-footing-étirements sur le front de mer du Port.

Avec le soutien de l’équipe de Boost insertion, tous les jeunes ont participé à l’organisation de ce projet, y compris ceux et celles qui n’avaient pas prévu de faire l’ascension. Demandes de devis, réservations, timing de la marche, équipements et contenu du sac à dos : de quoi expérimenter le travail collaboratif.

 J-1 : de Cilaos au gîte du Piton des Neiges

18 décembre. Il est 14h30, le défi commence.

La pluie tombe. Les averses sont fortes et ne semblent pas vouloir se calmer. Chacun donne son avis, et le groupe décide de démarrer dès la première éclaircie. 8 jeunes, 3 encadrants et un guide de moyenne montagne partent pour vivre ensemble les étapes qui vont les conduire au sommet du Piton des Neiges. Fred, le guide, n’est pas avare d’explications tant sur la biodiversité que sur l’histoire et l’ascension d’un volcan en sommeil. En retour, il confie au groupe qu’il est ravi de se joindre au projet : « Dans l’année, j’accompagne environ 4 groupes dans l’ascension du Piton des Neiges. C’est la première fois que j’accompagne des jeunes venant des quartiers prioritaires. C’est aussi très rare d’accompagner des locaux et ça me fait vraiment plaisir ».

A 19h30, tout le groupe a atteint le gîte du Piton des neiges. Les derniers arrivés sont accueillis par un tonnerre d’applaudissements. Un moment réconfortant qui a permis de vite oublier la souffrance de la montée. A la nuit tombée, sous la pluie et surtout ensemble, en se soutenant et en s’encourageant, la première étape vient d’être atteinte.

 Jour J : objectif sommet du Piton des Neiges

19 décembre. A 3 heures du matin, la fatigue et le froid ne sont pas les meilleurs éléments de motivation. Une petite blague des uns, des encouragements des autres et le groupe emboîte le pas. La météo capricieuse de la veille offre un levé du soleil magique.

Les derniers mètres avant le sommet sont plus difficile pour certains qui font preuve d’un grand courage pour ne pas abandonner. Une remarquable solidarité s’est ressentie dans ce groupe où Sullivan, le premier arrivé au sommet est redescendu pour accompagner les derniers et leur donner des conseils pour ne pas lâcher. Les premiers ont su faire preuve d’une grande patience pour attendre leurs « dalons » (camarades) et les encourager à poursuivre leur ascension. Pas question de rebrousser chemin vers le gîte !

Sous un ciel bleu et sur un air de Maloya, 7 jeunes ont atteint le sommet. Une vieille blessure au genou a contraint un jeune à redescendre au gîte, accompagné de Fred, le guide. Choisir de renoncer, c’est aussi parvenir à décider ce qui est le mieux pour soi. Pour les autres, c’est l’euphorie. La libération. La douleur physique n’est plus là et tous les visages expriment de la joie.  « Oté ! ben i touche seulmen ! » (Eh ben, c’était difficile), exprime Maëva.

L’étape du sommet est atteinte, maintenant il faut redescendre.

 « Mi rest ek ou jusko bou »

Rafaël, a été un très bel exemple de soutien et de solidarité malgré ses propres difficultés. « Mi rest ek ou jusko bou » (je reste avec vous jusqu’au bout) n’a-t-il cessé de répéter.

La descente s’est faite dans la douleur physique pour la majorité du groupe. Même pour Sullivan, Fardine et Nacem, arrivés avec 3 heures d’avance. La pluie s’est à nouveau invitée mais n’a pas entaché la bonne humeur, l’ambiance conviviale et les échanges de cette longue marche. Nacem, seul jeune du dispositif Lavenir ta nou et habitant de Saint Louis s’est très vite intégré au groupe Portois.

La vue du parking est un soulagement pour tous. Entre pleurs et rires chacun y va de sa petite anecdote. On se remémore déjà ce périple avec une pointe de nostalgie. « mwin noré pa pensé ariv la haut », (je ne pensais pas arriver là-haut) confie Fardine à Caroline, responsable du pôle insertion, venue accueillir le groupe.

En plus de ces merveilleux souvenirs et la satisfaction d’avoir relevé un défi de taille, les jeunes ont reçu une médaille en récompense de leurs efforts et de leurs réussites. Le groupe a vécu une belle aventure sportive et humaine où la cohésion a permis à chacun de franchir la ligne d’arrivée. Grâce à ce projet, les jeunes ont gagné en confiance, en curiosité pour leur environnement et manifestent aujourd’hui l’envie d’en découvrir davantage. L’équipe va y donner suite et travaille sur « EXPLORE TA RUN » : un programme de 10 sorties sportives et culturelles organisé pour et par les jeunes. De belles aventures à vivre et à partager en perspective.

Merci à notre sponsor, Electro concept, pour sa générosité et son soutien. Merci également à Fred Fontaine (Kokapatrando), au gîte du Piton des Neiges, au Snack du Cirque, à Avis, à l’IRT, à Energy Pub, à Run roche pour leur accompagnement bienveillant dans l’organisation du projet.

Merci aussi à Xavier pour le ravitaillement à Cilaos et aux collègues de l’équipe d’Apprentis d’Auteuil Océan Indien qui ont contribué à sa réussite.

 

Boost insertion et Lavenir ta nou

Lancés à La Réunion début 2020, ces deux dispositifs ont pour objectif de repérer et remobiliser des publics jeunes dits « invisibles », en partenariat avec les acteurs associatifs, institutionnels, citoyens, entreprises des quartiers et des communes dans lesquels ils sont implantés.

Boost Insertion (Le Port), vise à rejoindre les jeunes de 16 à 29 ans, sans formation, ni diplôme, ni travail, pour les remobiliser, les orienter et les accompagner dans la construction de leur projet ; Promotions de 15 jeunes/3 mois d’accompagnement ; Objectif de l’accompagnement : permettre au jeune, dans un premier temps, de reprendre confiance en lui et de se remobiliser pour établir un projet professionnel. Impulsé par Apprentis d’Auteuil en métropole, Boost Insertion bénéficie d’un financement de l’Initiative pour l’Emploi des Jeunes/Fonds Social Européen et de l’Etat en tant que lauréat de l’appel à projet du Plan d’investissement dans les compétences – 100% Inclusion. Il est soutenu par l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires et par la ville du Port.

Lavenir ta nou (Saint-Louis), porté en partenariat avec l’école de la deuxième chance (E2C), vise à rejoindre les jeunes de 15 à 29 ans en situation de vulnérabilité, sans projet d’insertion, en voie de marginalisation et de rupture sociale. Un éducateur de rue repère ces jeunes dans leurs quartiers qui sont remobilisés autour d’un plan d’accompagnement individuel par le référent de l’E2C avec le jeune et l‘éducateur de rue en adoptant une stratégie pédagogique basée sur la réussite. Accompagnement et suivi du jeune dans son projet professionnel sur une durée entre 4 et 8 mois en alternance avec des ateliers collectifs autour de 3 pôles : développement personnel, découverte des métiers et du monde de l’entreprise, recréer un lien avec les institutions de droit commun. Poursuite de l’accompagnement social avec l’éducateur de rue, en impliquant les familles. Lavenir ta nou est financé par la DIECCTE dans le cadre d’un appel à projet du Plan d’investissement dans les compétences – Repérer et mobiliser les publics invisibles, et soutenu par la ville de Saint-Louis et la SIDR.

Contact : Caroline Vignon – Directrice insertion/Coordinatrice projet Étincelle Réunion – caroline.vignon@apprentis-auteuil.org